A l’école, l’éducation nationale tente de limiter l’emprise des Gafam


Une personne utilisant le portail « Toutatice », un agenda partagé pour les élèves mis en place par la région Bretagne et utilisé notamment pendant le confinement de mars 2020.

« Rien n’était prêt mais on a tous fait au mieux. » Professeure d’histoire-géographie en collège et lycée à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), Gwenaëlle Deborde se remémore avec amertume les mois de confinement et de cours à distance de l’année 2020. En l’absence de consigne claire sur le numérique de la part de sa hiérarchie et face « aux outils de travail inadaptés » proposés par son académie, elle reconnaît s’être tournée vers des services privés états-uniens, comme Zoom et Google Drive, « faute d’alternative viable ».

Alors que la question de la protection des données personnelles s’impose peu à peu dans le débat public et que le gouvernement compte pour la première fois dans ses rangs un ministre délégué à la souveraineté numérique, la crise du Covid-19 a mis en lumière l’omniprésence dans les classes de grands groupes privés états-uniens, Microsoft et Google en tête. Dans une réponse publiée mardi 15 novembre au Journal officiel, le ministère de l’éducation nationale a d’ailleurs assuré avoir, en lien avec les académies, « demandé d’arrêter tout déploiement ou extension » des outils des deux géants américains dans les classes. Sans toutefois s’étendre sur une quelconque échéance.

Revirement libriste au ministère

Nommé à la tête de la direction du numérique pour l’éducation (DNE), Audran Le Baron, ancien de Bercy, a pris en juin 2021 ses quartiers rue de Grenelle. Son arrivée a été précipitée par ce qu’il appelle un « trauma de l’institution », survenu deux mois plus tôt : alors qu’est annoncé un troisième confinement, les serveurs du Centre national d’enseignement à distance (CNED) et de certains environnements numériques de travail ne tiennent pas face à l’afflux d’élèves et d’enseignants, provoquant des pannes majeures.

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Si sa mission première est d’éviter que se reproduise ce genre de souci technique, M. Le Baron s’intéresse aussi de près aux outils des Gafam, « pris en solution de secours sur le terrain ». Au sein d’un ministère qui a par le passé pactisé plus d’une fois avec le grand groupe de la tech Microsoft, le haut fonctionnaire souhaite aujourd’hui incarner un numérique éducatif « libre, souverain, compatible avec le règlement général sur la protection des données (RGPD) » en réorientant les établissements vers des outils fournis par l’Etat : « Il faut que nous travaillions à une offre à la fois crédible, lisible et sans couture. A partir du moment où elle sera là, il y aura moins de débats. » Il a notamment recruté pour cela Alexis Kauffmann, cofondateur du réseau Framasoft, qui milite depuis 2001 pour la promotion de logiciels libres.

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Catégorie article Politique

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